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L'EAU LA PAIX LE DEVELOPPEMENT
7 février 2009
Palais des Congrès
Grasse
L'utopisme d'aujourd'hui constitue les réalisations de demain
Victor Hugo
L EAU LA PAIX LE DEVELOPPEMENT
Rotary Grasse
Samedi 7 Février 2009, 11h, Palais des Congrès
L'utopisme d'aujourd'hui constitue les réalisations de demain
Victor Hugo
Intro :
L'eau a toujours été un symbole très présent dans les contes et légendes d'un grand nombre de cultures anciennes.
1. Réserves limitées
2. Multiples menaces
3. Une planète qui se dessèche
NB : Problématique " eau, paix & développement " : un partage équitable et responsable de l'eau peut-il aider à reconstruire une paix durable ? "
A - Mars 2009 : Cinquième Forum Mondial de l'Eau, Istanbul
1. Zones transfrontalières.
2. Entre conflits et coopération entre les pays.
3. Reconnaissance du droit à l'eau et à l'assainissement comme droit humain universel
4. Défis et chiffres :
5. Les coûts
NB : Géopolitique de l'eau,
B - Le combat contre la désertification, la faim, la soif et l'exploitation des pays pauvres mais riches en ressources minérales et agricoles
1. Création de quatre mers intérieures à partir de quatre dépressions terrestres.
2. Financement de ces projets.
C- L'eau : Une chance pour la paix ?
1. L'eau est un élément majeur des relations internationales.
2. Le plus souvent elle renforce les rivalités.
3. Mais elle peut aussi jouer un rôle fédérateur favorisant la coopération régionale.
4. Exemples :
" Interne : Nil & Yang Tse Qiang
" International : Jourdain, Euphrate & Mékong
Intro :
L'eau a toujours été
1. un symbole très présent dans les contes et légendes d'un grand nombre de cultures anciennes. Contrairement aux populations vivant dans les pays urbanisés et industrialisés du 21ème siècle, la plupart des êtres humains, tout au long de l'Histoire, ont compris que
2. leurs ressources en eau n'étaient pas inépuisables et ont fait preuve d'un profond respect pour celles dont ils disposaient.
3. Tous les écosystèmes dépendent de l'eau et du cycle hydrologique. Les peuples anciens savaient que
4. supprimer l'eau revient à supprimer l'Homme.
5. Seules les cultures modernes " avancées " ne savent pas préserver l'eau. Les conséquences de ce mépris sont évidentes sur toute la planète : villes desséchées, désertification, marais détruits, cours d'eau contaminés, etc ...
1. Réserves limitées
Non seulement l'eau n'est pas plus abondante aujourd'hui qu'à la formation de notre Terre mais
elle ne s'est pratiquement pas renouvelée depuis.
Le volume total d'eau sur la planète est d'environ 1,4 milliards de kilomètres cubes. Cependant,
1. le volume d'eau douce de la Terre n'est que 2,6% du volume total,
2. et seul 0,77%, circulent assez rapidement pour être comptabilisés dans le cycle hydrologique.
Par ailleurs,
" l'eau douce ne se renouvelle que grâce aux précipitations, ce qui signifie, en fin de compte, que
" les hommes ne peuvent compter que sur les 34 000 kilomètres cubes d'eau de pluie qui, chaque année, regagnent les mers et les océans via les fleuves et les nappes phréatiques. C'est la seule eau qui soit véritablement disponible pour la consommation humaine, car on peut la capter sans risquer de détruire des réserves limitées.
" La majeure partie de l'eau douce est toutefois stockée dans le sol, soit juste sous la surface, soit plus profondément.
" Le volume des nappes souterraines est soixante fois plus élevé que celui des eaux en surface. Les réservoirs d'eau souterraine, connues sous le nom d'aquifères, sont relativement stables parce qu'ils se trouvent enclos à l'intérieur de masses rocheuses.
" Mais pour durer, une nappe aquifère doit être réapprovisionnée à peu près au même rythme que l'eau qui en est extraite. Malheureusement, on vide les nappes souterraines qui nous sont accessibles à un rythme accéléré afin de compenser la diminution des réserves de surface.
2. Multiples menaces
¢ La planète est en pleine explosion démographique .
" Dans dix ans, l'Inde comptera 250 millions d'habitants en plus,
" tandis que la population du Pakistan aura doublée pour atteindre 210 millions d'habitants.
¢ En 2025, dans cinq des " points chauds " de la querelle de l'eau
1. mer d'Aral,
2. Gange, Mékong
3. Jourdain,
4. Nil,
5. Tigre, Euphrate), la population aura augmenté de 45 à 75%.
¢ A ce moment là, la Chine aura connu une augmentation de population supérieure à la population entière des Etats-Unis. [Population Totale 305 529 237 hab (2009)-Densité Classé 3e 31,15 hab./km² ] = environ 1700 000 000
¢ Le monde comptera 2,6 milliards de personnes en plus. Selon la FAO, la production agricole mondiale devra augmenter de 50% pour nourrir tous les habitants de la planète. De telles contingences feront sans aucun doute " exploser " les besoins en eau douce.
1. D'une part la quantité d'eau douce disponible par personne décroît rapidement. En outre, en raison de nombreux autres facteurs,
2. D'autre part la consommation individuelle d'eau douce est en pleine expansion.
- La consommation mondiale double tous les vingt ans, soit deux fois plus vite que la population humaine.
- Chaque cabinet de toilettes utilise 18 litres d'eau à chaque utilisation.
" Et pourtant, en dépit de cette explosion à l'échelle individuelle, les ménages et les municipalités ne consomment que 10% de toute l'eau utilisée.
" L'industrie puise une part considérable des réserves mondiales d'eau douce : sa consommation représente 20 à 25% de la consommation totale. De plus, ses exigences ne cessent de croître. Si la tendance persiste, il est prévu que, en 2025, les besoins en eau de l'industrie auront doublé.
" C'est à l'irrigation pour l'agriculture qu'est consacrée la plus grande partie de l'eau utilisée par les êtres humains, soit les 65 à 70% restants.
" Pollutions et destructions
1. Le déboisement planétaire,
2. la destruction des marais,
3. le déversement de pesticides et de fertilisants dans les cours d'eau
4. et le réchauffement de la planète ont tous de terribles répercussions sur les fragiles réseaux hydrologiques.
5. L'endiguement et la dérivation de cours d'eau, qui entraînent des surconcentrations de mercure et la prolifération des maladies transmises par l'eau, constituent une autre source de pollution.
6. La surexploitation des principaux réseaux fluviaux de la planète menace une autre source limitée d'eau douce.
Le Nil en Egypte, le Gange en Asie du Sud, le fleuve jaune en Chine, et le Colorado aux Etats-Unis, font partie des fleuves sur lesquels on a construit un tel nombre de barrages, dont on a tellement modifié le cours et dont les eaux ont été captées à un tel rythme que très peu d'eau parvient finalement à leur embouchure.
3. Une planète qui se dessèche
Le monde entier s'urbanise, on y construit des routes, des édifices à un rythme soutenu. Résultat : à cause de ce que l'on appelle
" un effet de serre, les continents perdent environ 1800 milliards de mètres cubes d'eau douce par an,
" ce qui provoque une hausse annuelle du niveau des océans d'environ 5 mm.
" Si cette tendance persiste, les continents perdront au cours de ce siècle près de 180 000 milliards de mètres cubes d'eau douce, soit à peu près l'équivalent du volume d'eau présent dans tout le cycle biologique.
Ainsi la problématique " eau, paix & développement " [un partage équitable et responsable de l'eau peut-il aider à reconstruire une paix durable ?] me semble répondre à un double mouvement
1. d'une part la dialectique eau / paix : pourquoi et comment un partage équitable et responsable de l'eau peut-il aider à construire un cadre de vie pacifique et durable ?
2. d'autre part, aux enjeux d'un partage rationnel et d'une gestion équilibrée des ressources en eau.
" Dans ces pays, le rapport de l'homme à l'eau prend une dimension culturelle et sociale centrale eu égard
o à la nature de cette ressource
o et à sa fonction économique dans des régions où l'agriculture vivrière est l'activité première de l'homme et de la femme.
" Le bassin du Jourdain, par ex. où, de l'avis de tous les experts, les difficultés sont plus importantes que nulle part ailleurs.
A - 16-22 Mars 2009 : 5ème Forum Mondial de l'Eau, Istanbul
(Source : L'Eau pour la Paix - la Paix pour l'Eau, par Florent Breuil | 26/09/08 http://www.mediaterre.org/membres/fbreuil/)
1. Plus de la moitié de la population mondiale dispose de ressources en eau situées dans des zones transfrontalières.
2. Ce partage des ressources génère des conflits ou stimule au contraire la coopération entre les pays.
3. Dans les régions gagnées par une insécurité croissante, ce problème de l'accès à l'eau se pose bien sûr avec encore plus d'acuité.
4. Les difficultés repérées tiennent autant
" à la logistique
" qu'à la gouvernance
" ou à la pérennité de l'accès à l'eau.
5. Mobilisée, la communauté internationale organise notamment le Forum Mondial de l'Eau tous les quatre ans. Le dernier, en 2006 à Mexico, avait réuni plus de 20 000 experts. Ce quatrième Forum avait abouti à la reconnaissance du droit à l'eau et à l'assainissement comme droit humain universel.
6. L'un des défis du prochain Forum : présenter des réponses concrètes, notamment
" sur le partage des eaux transfrontalières
" et sur l'accès à l'eau dans les Etats en situation de crise ou de conflit.
7. Quelques chiffres :
" 1,1 milliard de personnes boivent de l'eau insalubre
" 1,8 millions d'enfants meurent chaque année de maladies transmises par l'eau
" 2,6 milliards de personnes manquent d'installations sanitaires de base
8. Les coûts
" résultant du manque d'accès à une eau salubre s'élèvent à 20 milliards de dollars par an et les conséquences pèsent lourdement sur le développement économique et social d'un certain nombre de pays :
" on estime ainsi à 443 millions le nombre de jours de scolarité perdus chaque année à cause de ce problème.
NB : Géopolitique de l'eau, Yves Lacoste, Hérodote n¡102, 2001.
( http://www.sciences-po.org/projets_collectifs/eau/euphrate.html)
" Yves Lacoste définit la géopolitique de l'eau comme étant
1. l'ensemble des rivalités politiques dans la répartition du débit des fleuves et des rivières, auquel il faut
2. ajouter les rapports de force médiatiques
- entre les organismes d'Etat chargés de la réalisation d'ouvrages hydrologiques,
- et les ONG les plus influentes.
L'eau n'est ainsi pas cet enjeu primordial qui expliquerait et justifierait à lui seul tous les conflits à venir.
" Le cas de l'Euphrate renvoie à un débat vif existant depuis quinze ans sur le bien-fondé des barrages.
- Le développement de la liberté d'expression dans la plupart des pays du globe a permis de mettre l'accent sur les effets néfastes des barrages qui sont passés
1. du statut de pourvoyeurs de houille blanche
2. à celui de monstre dévastateur menant inexorablement à l'immersion de régions fertiles et à l'appauvrissement des populations déplacées.
- On passe sous silence les indemnités reçues par ces mêmes populations déplacées, l'attrait que peuvent constituer par la suite les lacs de retenue, et surtout les utilisations fondamentales de l'eau des barrages :
¢ l'irrigation. La moitié des barrages mondiaux sont construits à cette fin. C'est notamment ainsi que l'Inde a pu faire face à la poussée démographique qu'elle connaît depuis 50 ans.
¢ la palliation aux changements climatiques possibles
¢ la production d'hydroélectricité.
" Les barrages constituent un danger car l'électricité issue des centrales hydrauliques coûte 20 à 25% moins cher que celle issue des centrales thermiques fonctionnant principalement à partir de pétrole. Cette attitude catégorique laisse envisager des catastrophes humaines bien plus considérables que les déplacements de population liés à la construction de barrages. (Au Bengladesh - qui vit régulièrement des inondations catastrophiques et manque de digues efficaces -, les mouvements écologistes bloquent toute intervention préventive efficace).
" Il semble impossible de s'attaquer à court terme à la cause du problème : l'effet de serre (voir le protocole de Kyoto) et les rivalités de pouvoir.
B - Le combat contre la désertification, la faim, la soif et l'exploitation des pays pauvres mais riches en ressources minérales et agricoles
(André Tison, 46 rue Achille St-Sauveur, Jor1r5)
commence par la création de quatre mers intérieures à partir de quatre dépressions terrestres.
1- Canal et Mer de Kattara au sud ouest d'El Alamein, près de l'oasis de Siwa, dépression terrestre de moins 432 pieds sous le niveau de la mer et superficie de 5700 kms2.
Canal de Kattara En creusant un canal de soixante kms à partir de la mer Méditerranée jusqu'a la dépression terrestre de Kattara Egypte
2- Canal et Mer du Sahara. En creusant un canal à partir du Golfe de Gabès sur la Mer Méditerranée pour que l'eau se jette dans les dépressions terrestres de Chott el Meghir et Chott el Gharsa, dont la profondeur est de 90 pieds sur une longueur de 1200 kms.
Le sud de la Tunisie et de l'Algérie connaîtra un climat plus doux avec l'évaporation et les retombéés de pluies sur leur territoires ainsi que la colonisation de nouvelles terres.
3- Canal et Mer d'Amarti au sud est de l'Éthiopie avec une dépression terrestre de 270 pieds de profondeur et une surface de 900km2.
4- Canal de la mer Morte: En creusant un canal à partir de la Mer Méditerranée jusqu'à la Mer Morte (dépression terrestre de (-1312 pieds sous le niveau de la mer). A partir de Gaza : parallèle 31 degrés 15, jusqu'à la Mer Morte...avec la construction d'un second Hoover Dam (voir Colorado u.s.a.) dont les eaux surgiront jusqu'à la Mer Rouge près de Eliât...créant ainsi une vallée fertile pour 3,5 millions de Palestiniens.
Autres projets
1. Aqueduc de la basse Égypte.
2. l'Algérie, plaque tournante pour le développement de l'Afrique Continentale.
3. La nouvelle route des Indes. A partir du port de Gaza jusqu'au port de Umm Qasr (Irak). Le Jet train de Bombardier reliant les deux ports afin de transporter l'eau sur des wagons citernes en provenance des Deltas de l'Euphrate et du Nil afin de pourvoir aux besoins d'eau potable aux villes de Amman, Damas et de Jérusalem et autres villes du Proche- Orient qui vont manquer d'eau d'ici vingt-cinq ans
4. Fertilisation et culture d'algues marines nourricières et de plancton à partir de ces quatre mers intérieures crées par l'homme pour l'homme. Constructions de serres pour cultiver des algues, des arbustes des arbrisseaux, des arbres ...pour les transplanter sur les rives de ces canaux et de ces mer
5. Algues Spirulines, algues Salvina (Voir Institut de recherches de Monterey, Californie) Leucaena, Attira, Hiuk, Dhofari, Meetan, Tamarish, Bedha, Jojoba, Guayle, Jessina polycarpa. Pummelo citron ,Calliandra, Echinochloa, Pejibaye Fèves ailées de Papua, fèves Kalahari , riz Nérica.
6. Les quatre canaux et mers arrachés du désert de la main de l'homme pour le développement de l'aqua culture et de l'industrie de la pêche vont devenir le panier à poissons et le panier à légumes de l'Afrique et du Proche-Orient afin d'éliminer la faim et la soif.
7. L'évaporation de ces eaux va créer des nuages qui vont éclater en pluie dans ces régions et renouveler les nappes phréatiques.
Financement de ces projets.
Mouvement Attac : Association pour la transaction financière mobilière pour l'aide aux citoyens.
Cette organisation fondée en France le 3 juin 1998 essaie d'obtenir de O.C.D.E. l'imposition sur les transactions financières à court terme de 0.1 à 0.25%. Cette taxe
1. vise les transactions spéculatives et les abris fiscaux ;
2. devrait rapporter $100 milliards par an ;
3. doit servir essentiellement à combattre la pauvreté et au développement durable.
C- L'eau : Une chance pour la paix ? (Jourdain, Euphrate, Nil, Mékong…)
Odile ALBERT ( http://www.d-p-h.info/fr/pages/recherche.php?recherche=Odile%20ALBERT
L'eau est un élément majeur des relations internationales. Le plus souvent elle renforce les rivalités. Mais elle peut aussi jouer un rôle fédérateur favorisant la coopération régionale.
" En 1993, les accords de paix entre Israël et la Palestine ont commencé par des négociations pour un développement économique commun et, en particulier, pour partager les accès à l'eau. Les accords qui ont suivi avec la Jordanie, puis les pourparlers avec la Syrie font une large part au partage de l'eau. Malgré une réelle avancée sur cette question, la restitution par Israël des points d'eau (sources du plateau de Golan, nappes phréatiques de Cisjordanie...) reste encore très polémique.
" Cependant, les âpres débats pour savoir qui garde quoi semblent faire place à une position plus constructive. Il s'agit de plus en plus de savoir comment globalement ces pays peuvent coopérer pour assurer leur approvisionnement en eau. Des projets communs entre Israël et la Jordanie voient le jour :
1. barrages sur le Jourdain et le Yarmouk (affluent du Jourdain en Jordanie),
2. creusement du canal entre mer Morte et mer Rouge,
3. usine de traitement des eaux saumâtres du Lac de Tibériade).
" Malgré tous les efforts actuels, cette région du Proche Orient manque d'eau depuis l'an 2000. Toutes les projections le confirment. Aucun de ces pays ne pourra résoudre seul ce problème. Une vaste coopération régionale, incluant tous les pays et en particulier la Turquie, château d'eau de la région, pourrait permettre de faire face aux besoins du prochain siècle. Dès 1988, la Turquie a proposé à ses voisins arabes de leur acheminer de l'eau par un pipe-line, appelé de façon significative "pipe-line de la paix". Si le projet est réalisable techniquement, il est encore politiquement irréalisable car les tensions restent trop vives pour que les pays arabes puissent accepter de dépendre de leur voisin non arabe sur une matière aussi précieuse que l'eau. Mais, peut-être est-ce une solution à venir.
" Le Nil est également un cours d'eau dont les eaux sont très convoitées. Avec ses affluents, il possède assez d'eau pour les besoins des dix pays riverains. Cependant, des tensions extrêmement vives perdurent dans cette région. L'Egypte, le pays le plus peuplé et dont le Nil est l'artère vitale, dépend des neuf autres pays. Cette position a entraîné des décennies de disputes diplomatiques et de menaces réciproques (en particulier avec l'Ethiopie).
" Même dans des régions qui ne souffrent pas de la sécheresse, l'aménagement d'un fleuve international suppose une volonté de coopération entre les pays transfrontaliers. A ce titre, il sera intéressant de voir ce qui va se passer pour le Mékong, fleuve que se partagent six pays de l'Asie du Sud-Est (Chine, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge et Vietnam). Par suite des décennies de guerre que cette région a connues, très peu de travaux ont été entrepris. Depuis que la paix est revenue, on essaie de "promouvoir une utilisation concertée des richesses du fleuve". " Les parties ont reconnu que le Mékong est une ressource commune à exploiter collectivement et que cette coopération contribuera à la paix, à la stabilité et à la prospérité de la totalité des pays".
Sources
" CHESNOT, Christian, La bataille de l'eau au Proche-Orient, L'Harmattan, 1993 (France);
" Discorde sur le Nil, par Brian Scudder, paru en français dans Courrier international, n° 184, 11 mai 1994, p. 31;
" Le Mékong, un fleuve pour six pays, paru dans Explore, avril 1993, pp. 26-27;
" Le Comité du Mékong remis à flot, paru dans Le Mékong, n° 25, mai 1995.
" CDTM (Centre de Documentation Tiers Monde de Paris) - 20 rue Rochechouart, 75009 Paris, FRANCE - Tel. 33/(0)1 42 82 07 51 - France - www.cdtm75.org - cdtmparis (@) ritimo.org
"
¢ Cours du Mékong www.agroparistech.fr/IMG/pdf/Toussaint.pdf
Hydroélectrique Mékong
Hydroélectrique Chine
DOCUMENTS
LES ETATS DU CROISSANT FERTILE
Sommaire du cours du Professeur G. Mutin
http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Enseignements/Cours/AgregGeo/sommaire.html
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I LES ENJEUX POUR L'EAU
Ils se jouent autour du Tigre et de l'Euphrate d'une part et pour le bassin du Jourdain d'autre part.
A Le Tigre et l'Euphrate
L'exploitation des eaux du Tigre et de l'Euphrate oppose de façon de plus en plus vive1 ces dernières années les trois pays riverains : Turquie, Syrie et Irak. Les aménagements que chacun d'entre eux a entrepris ou va entreprendre sont spectaculaires et les rivalités s'éxaspèrent pour le partage des eaux
1) Les données hydrographiques
Le Tigre et l'Euphrate prennent naissance en Turquie orientale dans une zone montagneuse très arrosée : c'est le château d'eau de la Turquie et du Moyen-Orient.
a Les tracés
Le tracé des deux cours d'eau divergent ensuite. L'Euphrate, long de 2 700 km, prend naissance au nord du lac de Van aux confins de l'Arménie, dessine une grande courbe en Turquie, puis s'enfonce légèrement dans le plateau syrien désertique qu'il parcourt sur 650 km où il ne reçoit, en rive gauche, que deux affluents le Balikh et le Khabour. Puis c'est l'entrée dans la plaine mésopotamienne parcourue sur 1 235 km en territoire irakien. Les eaux du fleuve n'ont cessé d'apporter la vie dans les terres du Croissant Fertile, sans toutefois donner naissance à une maîtrise hydraulique comparable à celle de l'Égypte.
Le Tigre (1899 km) qui prend naissance à l'ouest du lac de Van coule en Turquie mais ne pénètre pas en Syrie, il s'écoule ensuite directement en Irak où il reçoit en rive gauche de très nombreux affluents issus des monts Zâgros notamment le Grand et le Petit Zab, la Diala. Puis il se jette dans l'Euphrate. Les eaux mêlées des deux fleuves constituent sur 200 km environ le Chott el Arab, qui se jette dans le Golfe arabo-persique après avoir reçu en rive gauche les eaux de la Korun.
b Les régimes
Les régimes des deux fleuves sont très comparables : ils sont de type pluvio-nival, marqués par les pluies méditerranéennes de saison froide et la fonte des neiges des montagnes de Turquie orientale et du Zâgros en Iran. Le régime est donc très différent de celui du Nil : les hautes eaux sont moins abondantes et surtout ce sont des crues printanières, trop tardives pour les cultures d'hiver, trop précoces pour les cultures d'été (maximum en avril pour le Tigre et en mai pour l'Euphrate). Les étiages estivaux sont très prononcés : 360 m3/s pour l'Euphrate et 300 pour le Tigre et ils interviennent dès la fin de l'été alors que les besoins en eau sont encore très élevés. A ces fortes variations saisonnières s'ajoute une très forte irrégularité interannuelle ( de 1 à 4 ou même 4,5).Le module peut passer de 10 à 37 km3 à Hit pour l'Euphrtate de 15 à 55 km3 pour le Tigre à Bagdad. (la variation n'est que de 1 à 3 pour le Nil). À l'entrée en Syrie, le débit moyen de l'Euphrate est de 830 m3/s (écoulement annuel de 28 milliards de m3). Le débit diminue légèrement pendant la traversée syrienne, les apports du Khabour et du Balikh ne compensent pas l'évaporation durant la traversée, il n'est que 775 m3/s à la frontière irakienne. Le débit s'affaiblit considérablement en aval en raison des dificultés de l'écoulement et de la forte évaporation: il est de 218 m3/s à Hit.
Le Tigre lors de son entrée en Irak a un débit comparable à celui de l'Euphrate mais il s'enrichit considérablement avec les apports des affluents venus du Zâgros (Grand Zâb, petit Zâb, Diala) : en aval de Bagdad le débit moyen est de 1410 m3/s (écoulement annuel de 46 milliards de m3). Lé débit, comme pourl'Euphrate, diminue considérablement ensuite: il n'est que de 218 m3/s à Amara.
L'affaiblissement des débits vers l'aval est considérable. On l'a vu pour la traversée du désert syrien pourl'Euphrate. L'affaiblissement est encore plus considérable en Mésopotamie. Le débit de l'Euphrate n'est plus que de 458 m3/sec à Nasiriya, celui du Tigre passe de 1180 m3/sec à Kut à 218 m3/sec seulement à Amara. C'est la conséquence des difficultés d'écoulement et d'une importante évaporation
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Les tensions liées au Jourdain
DANINO Olivier
Intervention du 9 janvier 2008 dans le séminaire de géopolitique de l'ENS-Ulm
La situation géographique
Le climat général autour du Jourdain est caractérisé par une aridité grandissante. La région connaît des pluies fortement concentrées dans le temps et dans l'espace. En effet, elles tombent principalement les trois mois d'hiver et, le reste de l'année, les fortes températures font que seulement 15% des pluies restent au sol et sont exploitables. Le reste se perd en évaporation. La pluie concerne surtout la côte méditerranéenne et les hauteurs, notamment le Mont Hermon et le plateau du Golan qui sont de véritable château d'eau.
C'est d'ailleurs là que naît le Jourdain, à la confluence de trois sources principales : le Hasbani (Liban), le Dan (Israël) et le Banyas sur le plateau du Golan, sous contrôle israélien mais revendiqué par la Syrie. Le Jourdain s'écoule du Nord au Sud, passant d'un climat plutôt humide à une zone désertique. En effet, du Golan, le Jourdain traverse le lac de Tibériade (environ - 200 mètres) pour se déverser en fin de course dans la mer Morte (environ - 400 mètres), soit une longueur totale de 360 kilomètres. A 10 kilomètres en aval du lac de Tibériade, le Jourdain est rejoint par son principal affluent, le Yarmouk qui prend sa source en Syrie et coule le long de la frontière jordano-syrienne.
Les besoins et contraintes en eau
Les sources et l'écoulement du fleuve soulignent le fait que de nombreux pays sont concernés par le Jourdain et ses enjeux. Nous sommes donc en présence de plusieurs acteurs, chacun ayant sa propre représentation du fleuve qui dépend largement de ses besoins et contraintes en eau :
Le Liban appartient avec la Turquie à la catégorie des pays riches en ressources renouvelables.
La Syrie fait partie des pays ayant à disposition des avantages hydriques mais de façon insuffisante. Elle utilise les eaux du Jourdain dans une proportion de 2%, le complément lui étant apporté par l'Euphrate, le Yarmouk et l'Oronte. Il faut savoir que l'Euphrate, lorsque son lit quitte la Turquie pour la Syrie, accuse un débit moyen de 30 milliards de m3 par an soit 13 fois plus que le Jourdain.
Israël, l'Autorité palestinienne qui dépend d'Israël en matière d'eau et la Jordanie forment ce que Eliyahou Rosenthal nomme le triangle de la soif, c'est-à-dire les pays dont le bilan en eau est alarmant.
Pour la Jordanie, le Jourdain représente environ 120 millions de m3 par an, l'équivalent de l'eau fournie par le Yarmouk alors que la majeure partie de son capital hydrique est fournie par des eaux souterraines (environ 480 millions de m3 par an). Les ressources du Golan sont importantes pour la Jordanie qui dispose d'une partie de la mer Morte. L'autre partie est effectivement en Israël. Le Jourdain est dans celui-ci le fleuve le plus long et le plus large. Il assure le tiers des ressources hydriques de l'Etat d'Israël.
On constate donc une inégale répartition des ressources hydriques mais en ce qui concerne les besoins en eau des Etats, il faut rester prudent. Les situations de développement sont variées entre, par exemple, Israël qui a des besoins très importants et la Jordanie qui n'a pas de problèmes eu égard à son développement agricole et industriel mais doit plutôt faire face à une forte croissance démographique (sa population aura doublée d'ici 30 ans).
Le Jourdain est fortement sollicité par tous ces pays, principalement Israël, et à son arrivée en mer Morte il est réduit à un mince filet d'eau. La mer Morte s'assèche progressivement. Certains experts parlent même de sa disparition dans les 50 ans à venir.
Les conséquences géopolitiques
Ces tensions liées à l'eau sont compliquées par la situation géopolitique de la région. Israël n'étant pas reconnu par le Liban et la Syrie, ce qui exclut d'emblée toute coopération sur le Jourdain synonyme d'une reconnaissance de facto. Le plan de partage de la Palestine voté en 1947 ne laisse pas Israël sans eau mais les sources sont contrôlées principalement par le Liban et la Syrie. La guerre qui éclate en 1948 ne modifie pas cet état de fait. Il faut attendre la guerre des Six jours en 1967 pour voir un changement intervenir.
Néanmoins, entre ces deux dates, une série de conflits éclate liés à la déviation des eaux du Jourdain. Nous pouvons prendre deux exemples pour illustrer ceci. D'abord, le lancement en 1953 du programme israélien de Conduit National qui doit permettre d'acheminer de l'eau vers le sud désertique. La conséquence directe est une tension armée accrue avec les voisins arabes qui déposent également une plainte à l'ONU. Le deuxième exemple concerne la construction d'un canal par les Syriens et les Jordaniens, en 1965, en amont du lac de Tibériade, pour détourner les eaux du Jourdain vers le Yarmouk. Les Israéliens répondent par le bombardement de ces installations.
Il serait erroné de limiter les conflits sur l'eau à la question d'Israël et des pays arabes de la région. En effet, la Syrie et la Jordanie se disputent aussi au sujet de l'eau, notamment à propos de construction syrienne en amont du Yarmouk qui pénalisent fortement le Royaume Hachémite.
La guerre des Six jours change totalement la situation. Si avant le conflit 77% du bassin du Jourdain était sous contrôle arabe, à présent Israël se place en amont du réseau fluvial, contrôlant avec la conquête du Golan une partie des sources. La prise de la Cisjordanie au Jordaniens permet de sécuriser l'écoulement du fleuve entre le lac de Tibériade et la mer Morte, ainsi que l'acquisition de nombreux aquifères. La conquête du plateau du Golan sur la Syrie constitue également un changement dans le rapport de force d'avant 1967. La carte de la frontière israélo-syrienne montre comment celle-ci entoure les sources d'eau de la région. Néanmoins, il serait inexact de voir en cette guerre une campagne pour l'eau menée par Israël, comme il est parfois écrit. L'eau fait certes partie des préoccupations israéliennes mais ne constitue pas la raison principale du déclanchement de la guerre.
La signature du traité de paix entre Israël et la Jordanie, signé en octobre 1994, représente aussi un tournant car il fait état d'une coopération sur l'eau du Jourdain. En effet, Israël s'engage à fournir 50 millions de m3 d'eau par an à la Jordanie et de partager la rivière Yarmouk pour que les Jordaniens en contrôlent les trois quarts. Il y a aussi des accords sur d'autres sources d'eau et une entraide est prévue en cas de sécheresse.
La question du Golan reste essentielle en ce qui concerne le Jourdain. La Syrie revendique les frontières de 1967, soit le contrôle absolu des eaux du Golan ainsi que du Yarmouk. Israël fait référence aux accords Sykes-Picot qui donne à la Palestine mandataire le Haut Jourdain (la partie en amont du lac de Tibériade) ainsi que la totalité du rivage du lac. C'est ce qui est repris par le plan de partage adopté en 1947 par l'Assemblée générale de l'ONU. Mais cette zone a été conquise par la Syrie en 1948.
Le Jourdain ne constitue pas un enjeu de navigation. Les différends se rapportent à l'utilisation agricole de l'eau (irrigation) et dans une certaine mesure industrielle (production d'électricité), l'ensemble dans un contexte de raréfaction de l'eau et de tension territoriale. Se pose aussi la question des territoires palestiniens qui doivent obligatoirement passés par Israël pour tout ce qui concerne l'eau. Il est évident que le partage du bassin du Jourdain sera une question à résoudre au moment de la création d'un état palestinien, d'autant plus qu'il n'existe aucun accord régional sur le Jourdain.
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BORDET Gaël, Sénégal, Proche Orient, Paris, 2002
Le Proche Orient est un volcan, triste paradoxe lorsqu'il devient question de partager l'eau …
Le hasard et les conditions naturelles ont voulu que cette région connaisse une hydrographie capricieuse, qui ne permet pas d'envisager l'avenir sereinement. L'eau va se raréfier, c'est une certitude, car non seulement les ressources sont naturellement mal réparties, les besoins s'intensifient, mais de surcroît, les aquifères s'épuisent, la qualité des eaux de surface et des nappes phréatiques se dégrade, et les hommes ne savent ou ne veulent s'organiser pour protéger et partager leur patrimoine hydrique. Pourtant l'eau s'est patiemment invitée dans tous les esprits : elle a jailli des textes religieux pour envelopper les us et coutumes.
I. Le bassin du Jourdain : première approche
Afin de délimiter l'espace géographique du Jourdain et de rendre compte des relations inter-étatiques qui y prennent place, il est nécessaire de replacer le fleuve dans un espace hydrographique élargi, comme nous y invite la théorie du " bassin intégré " (voir fiche intitulée : L'eau et le droit). Cette théorie est une construction juridique qui s'inspire non seulement d'une réalité géographique - le fleuve n'est pas un élément détaché de son environnement - mais tient également compte de l'évolution des conditions techniques - notamment concernant la navigation - et répond, enfin, à de nouvelles nécessités économiques. Le bassin hydrographique regroupe dans une même entité juridique et économique une aire de drainage élargie comprenant le cours d'eau principal, de statut international, ses diffluences et ses affluents, ainsi que les eaux souterraines et autres lacs.
A l'exception de l'Irak, et à l'inclusion de la Jordanie, le bassin du Jourdain recouvre la même aire géographique que celle du " Croissant Fertile ", sorte de demi-lune écrasée sur laquelle courent de vastes plaines irriguées : l'eau lui donne une âme…
En réalité, ces étendues cultivées alternent avec de longues bandes désertiques et arides. Il est, dès lors, naturel que le tissu économique de cet espace géographique se structure autour d'une agriculture extensive, gourmande d'eau. Cette situation tend progressivement à devenir problématique du fait d'un processus de détérioration de la qualité des nappes phréatiques - rares et mal réparties - qui, sous l'effet conjugué de la surexploitation et d'une pluviométrie insuffisante, sont à brève échéance menacées d'épuisement.
Economiquement, si nous faisons abstraction d'Israël, il s'agit d'une région industriellement faible, dont la croissance dépend encore pour une large part des revenus du secteur primaire, plus précisément de l'agriculture et de l'agrumiculture. C'est dire si la pénurie d'eau est préoccupante, d'autant que les Etats arabes du bassin ne paraissent pas en mesure à court, voire à moyen terme, de mettre en place les instruments d'une réelle transition économique, sans un renforcement de la coopération israélo-arabe : le virage a en effet été manqué dans les années 80 lorsque les pétro-monarchies du Golfe arabo-persique ont abusivement dispensé les surplus de la manne pétrolière toute entière absorbée dans des projets souvent grandioses, utopiques et mal appropriés….
Au-delà des enjeux humains, que portent les futures orientations économiques et les moyens qui seront mis en œuvre à cet effet dans le bassin du Jourdain, les choix retenus auront des incidences certaines aussi bien concernant les mesures de préservation de l'eau, que s'agissant des usages économiques qui seront faits de cette ressource. Et, a contrario, la maîtrise de l'eau peut devenir dans un futur proche l'un des facteurs essentiels de l'équilibre structurel durable de cette région. Il est donc indispensable de garder en mémoire cet arrière fond économique et géographique pour comprendre certains des enjeux relatifs au partage des ressources hydriques.
II. Hydrographie du bassin du Jourdain
Le Jourdain, s'il n'a rien à envier aux autres fleuves de la région, le Nil, le Tigre, ou l'Euphrate, pour le fabuleux, le mythique et le religieux qui forment son lit, est toutefois de dimension bien modeste : c'est un ruisseau comparé à tous ces serpents alanguis.
Quelle est la place de la coopération hydraulique dans le processus de régularisation politique régionale ?
La question du partage des eaux du Jourdain contribue-t-elle à rassembler les partenaires de la paix, ou ne serait-elle pas plutôt un facteur aggravant, favorisant alors un immobilisme fatal lorsque nous prenons connaissance des distorsions sociales et économiques dont souffrent certaines populations du bassin, notamment les Palestiniens du territoire de Gaza ?
Voici autant de questions qui suscitent inquiétudes et donnent lieu aux extrapolations les plus diverses.
Dans ce contexte, l'utilisation et l'aménagement des ressources sont un enjeu de première importance, et le Jourdain, fleuve aux dimensions et aux propriétés pourtant réduites - cours non navigable, difficilement aménageable, aux débits changeants et faibles, eaux fortement salées et polluées - fait ainsi l'objet de toutes les attentions. Une rapide présentation de son hydrographie suffit à montrer la place centrale qu'il tient dans les relations entre Israël et ses voisins arabes.
Le Jourdain, cours d'eau long de 360 km, naît de la réunion, sur le territoire israélien, de trois rivières qui viennent des pentes du Jabal el-Cheikh (mont Hermon).
a) La première rivière, le Hasbani dont le débit annuel est de 140 millions de mètres cubes, prend naissance au Liban, pays qu'elle parcourt sur 21 km. Le cours supérieur du Hasbani est un torrent capricieux qui connaît de grandes variations saisonnières, tandis que le cours inférieur est plus régulier.
b) Le deuxième grand affluent du Jourdain, le Banias, est actuellement placé sous le contrôle d'Israël. Longue d'une trentaine de kilomètres, cette rivière dont le débit annuel est équivalent à celui du Hasbani, prend sa source en Syrie sur les hauteurs du Golan, puis s'étire en Israël sur environ douze kilomètres avant de se jeter dans le haut Jourdain.
c) Le troisième affluent du Jourdain, le Nahr Leddan, ou plus communément le Dan, se forme sur le territoire israélien lorsque se rejoignent les eaux provenant de plusieurs sources importantes dont un certain nombre se situent elles aussi sur les hauteurs du Golan. Son cours, relativement restreint (une douzaine de kilomètres), est cependant très stable et son débit annuel est supérieur à ceux des deux autres affluents du haut Jourdain puisqu'il dépasse les 250 millions de mètres cubes.
Ces trois cours d'eau se rejoignent environ six kilomètres en amont de l'ancien lac Houleh, aujourd'hui assaini et drainé, et forment alors les deux bras du Haut Jourdain dont le débit annuel moyen est de 640 millions de mètres cubes à la sortie de la vallée de Houleh. Le fleuve coule sur une quinzaine de kilomètres avant d'atteindre le lac de Tibériade - parfois appelé mer de Galilée ou lac de Kinneret - où son débit est descendu à 550 millions de mètres cubes. Le Jourdain " traverse " ensuite le lac de Tibériade, long de vingt kilomètres, et son cours s'alimente à quelques sources souterraines, restes d'anciennes mers salées qui lui apportent 230 millions de mètres cubes supplémentaires. Malgré cela, à la sortie du lac le débit du fleuve tombe à 500 millions de mètres cubes tant l'évaporation est intense. De surcroît, 60 millions de mètres cubes sont dérivés vers des canaux d'irrigation de la plaine de Bissan, ce qui fait que le Jourdain n'a plus qu'un débit réduit à 440 millions de mètres cubes lorsque 10 km en aval du lac de Tibériade il parvient au confluent du Yarmouk, son principal affluent, qui prenant sa source dans le Djebel druze en Syrie avant de devenir jordanien 50 km plus loin à Maqarin, a un débit de 538 millions de mètres cubes à Naharayim quand il gagne le Jourdain, lequel suit alors pendant 50 km la " frontière " entre la Cisjordanie et la Jordanie jusqu'à ce qu'il se jette dans la mer Morte, située à 400 mètres sous le niveau de la mer. A hauteur du pont Allenby, près de Jéricho, le débit du Jourdain est de 1 milliard 250 millions de mètres cubes, ce qui est dérisoire comparé aux débits du Nil (74 milliards de mètres cubes) et de l'Euphrate (32 milliards de mètres cubes). Au final, sur les 1.880 millions de mètres cubes qui représentent son débit annuel moyen, 1.488 millions (soit 77 %) proviennent de l'extérieur des frontières d'Israël telles que fixées avant 1967.
III. Histoire d'eau
A. Les plans de partage de l'eau (*)
La proclamation de l'Etat d'Israël en 1948 annonce plus de quarante années d'instabilité permanente entrecoupées d'affrontements armés avec les Etats arabes voisins. Alors qu'aucun règlement politique n'est envisageable, paradoxalement, tous les acteurs régionaux et internationaux tentent durant les années de cet état de guerre de parvenir, en vain, à un consensus technique autour du partage des eaux du Jourdain au travers de plans d'aménagement (pas moins d'une vingtaine) le plus généralement incohérents, partiaux et déséquilibrés.
Une analyse détaillée de la question de l'eau dans le bassin du Jourdain, nous montrerait comment dès les années 20 et la période mandataire britannique s'est progressivement installée une tension profonde entre les différents riverains, à la suite d'événements parfois conflictuels, mais le plus souvent insignifiants, du moins en apparence, comme l'attribution d'une concession ou la réalisation d'un aménagement hydraulique de faible ampleur. Juxtaposés les uns aux autres, ces incidents ont fini par faire émerger un contexte politique particulier : désormais eau et terre ne font qu'un. En 1955 le rejet du plan Johnston (du nom de l'émissaire dépêché par le président américain Eisenhower et destiné à mettre un terme à l'escalade de la violence suscitée notamment par les positionnements et planifications non concertées des riverains du Jourdain), révèle la nature réelle de l'enjeu et permet à l'ensemble des acteurs de prendre conscience d'une erreur fondamentale : derrière les désaccords sur les termes du partage, l'échec s'explique par l'oubli de l'hypothèse politique primordiale, à savoir la non reconnaissance d'Israël par les Etats arabes. Ainsi, les réticences réciproques n'ayant pas été levées, les Israéliens ne voulurent pas abandonner une partie de leur souveraineté à une quelconque autorité régionale. Cette question de la création d'une " commission de bassin " est toujours d'actualité et se heurte aux mêmes difficultés …
Le " projet Johnston " demeurera néanmoins jusqu'à aujourd'hui une " référence morale ", sorte d'accord tacite de bonne conduite.
B. Juin 1967 : une guerre pour l'eau ?
Ce n'est certes pas un hasard si la carte des lieux occupés par Israël depuis ses conquêtes de 1967 - ou qui l'étaient jusqu'à une date très récente - recoupe celle des espaces hydrographiques stratégiques, c'est-à-dire le Liban sud, le Golan, et la Cisjordanie. Cependant, il n'y a jamais eu dans cette région de " guerre menée pour l'eau ", tout au plus une lutte d'influence ponctuée de brefs mais violents accrochages militaires comme en mai et juin 1965. Pourtant, bien que sérieux, ces événements ne furent pas directement à l'origine de la guerre de juin 1967 et ont tout au plus contribué à resserrer les liens quelque peu distendus entre l'Egypte et la Syrie qui se livraient depuis plusieurs années une lutte d'influence au sein de la Ligue des Etats arabes ; " l'union sacrée " autour de la patrie (watan) arabe a offert aux voisins d'Israël une occasion unique dans un contexte fragilisé pour en découdre avec l'Etat hébreu : le motif fréquemment avancé pour expliquer le déclenchement de la guerre des Six jours fut le blocus du détroit de Tiran par l'Egypte. Au cours des affrontements, Tsahal s'empara des sources du Banias, conquit les hauteurs du Golan ainsi que les rives orientales du lac de Tibériade et du Jourdain, envahit la Cisjordanie, vint à contrôler Jérusalem Est, et se rendit maître de la rive occidentale du Jourdain depuis sa source jusqu'à la mer Morte. Si la guerre de juin 1967 ne fut pas une guerre pour l'eau, ce fut en revanche une guerre menée pour la sauvegarde et le contrôle d'un territoire - et par conséquent de ses ressources - et pour la sécurisation de frontières encore fragiles : " l'hydrostratégie " s'inscrit ainsi dans un contexte plus large, et ne prend tout son sens que dans une perspective défensive.
C. Sécurisation territoriale et préservation des ressources hydriques : les remous du " processus de paix "
A la Conférence de paix de Madrid en 1991, en l'absence d'une représentation officielle de l'OLP - indésirable aux yeux des Israéliens - l'Etat hébreu impose son approche économique de la question de l'eau et obtient ainsi une première victoire avec la mise en place de cinq " groupes multilatéraux de travail " (1). L'eau est alors instrumentalisée et nous assistons au développement d'une " diplomatie de l'eau ", avec le discours et les extrémités sémantiques qui l'accompagnent : " la guerre de l'eau ", " l'or bleu ", " les eaux de la discorde ", " l'hydropolitique ", " l'hydrostratégie " … Le politique a rattrapé le débat technique avec l'avènement des négociations de paix. Syriens et Libanais ne s'y sont pas trompés, eux qui ont refusé de prendre part à ces groupes de travail tant que les résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité des Nations Unies exigeant un retrait israélien des territoires occupés resteraient lettres mortes.
La Déclaration de Principe (17 articles) sur les arrangements intérimaires d'autonomie (ou accords dits d'Oslo entre MM.Arafat, Rabin et Pérès) signée le 13 septembre 1993 modifie sensiblement le rapport de forces, en initiant un double mouvement - consensualisme et gradualisme - pour le règlement du statut final des territoires palestiniens, mais surtout en intronisant l'OLP comme " acteur politique ", ce qui incitera progressivement Israël à radicaliser ses positionnements : il est prévu l'institution d'un Conseil palestinien élu, de même qu'une Autorité palestinienne pour l'administration de l'eau, après qu'un Accord d'intérim sera entré en vigueur, comme le mentionne l'article VII. Quant à l'annexe III, son premier point déclare une " coopération dans le domaine de l'eau, comprenant notamment un programme de développement des ressources en eau préparé par des experts des deux parties (…) et comprendra des propositions d'études et de projets sur les Droits de chacune des parties en cette matière, ainsi que l'utilisation équitable des ressources en eaux communes pour application au cours de la période intérimaire et après ".
Avec les Accords d'Oslo et ceux qui suivront, le règlement du partage des ressources hydriques est continûment reporté à l'étape ultime et décisive - elle même sans cesse repoussée - des discussions de paix, au même titre que les questions jugées " importantes ", telles que le statut final des territoires palestiniens, le droit au retour des réfugiés ou encore le statut de Jérusalem. Et pourtant, les Israéliens tentent depuis lors de dépouiller la question du partage des eaux de son caractère politique, puisque dans leur stratégie, le politique ne saurait concerner que les territoires, les frontières et les lieux symboliques. Il n'est pas anodin de constater qu'en contrepoint de cette attitude israélienne, l'Autorité Palestinienne tente de sensibiliser la communauté internationale à sa volonté de construction étatique : à cet effet, la maîtrise des ressources naturelles, dont l'eau, ne saurait être désolidarisée de la question politique…
Les accords dits d'Oslo II signés le 28 septembre 1995 (2), maintiennent le statu quo s'agissant des ressources en eau puisque la zone C, qui comprend la majeure partie des aquifères de Judée Samarie et les rives du Jourdain, reste totalement sous contrôle israélien… Pourtant, l'Annexe B de l'accord, précise " qu'Israël reconnaît les droits à l'eau des Palestiniens en Cisjordanie " (art.40) et dessine les grandes lignes d'un partage plus équitable des ressources souterraines (3), allant même jusqu'à préciser que les réserves d'eau de l'aquifère oriental qui ne sont pas encore exploitées (4) deviendront la propriété exclusive des Palestiniens lorsqu'un Etat verra le jour. La disparition tragique de Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995, et les suites politiques de cet événement viendront mettre un terme aux coopérations envisagées avec l'Autorité palestinienne pour l'eau. A ce jour, c'est toujours la loi israélienne sur l'eau de 1959 qui s'applique sur les Territoires palestiniens et aucun transfert de souveraineté n'a été décidé concernant la gestion des ressources. Pour preuve de l'importance stratégique de l'eau, dès 1967, non seulement les données sont considérées par Israël comme des informations d'intérêt national et aussitôt classées " secret défense ", mais encore, dans les territoires de Cisjordanie toujours sous " tutelle " israélienne, la direction des services responsables de la gestion de l'eau est confiée à des officiers de l'armée israélienne et relève ainsi du ministère israélien de la défense. En 2002, les ressources en eau sont insuffisantes pour satisfaire les besoins des deux populations palestinienne et israélienne. Israël absorbe près de 86 % de l'ensemble des ressources, les Palestiniens dans les Territoires Occupés 8 à 12 % et les colons juifs 2 à 5 % (5). Pour ce qui est de la consommation annuelle par habitant, les Israéliens consomment 500 m3 d'eau, les Palestiniens 107 à 156 m3 et les colons de 640 à 1480 m3. Cet état de fait résulte aussi bien des empêchements légaux qu'Israël a imposés aux Palestiniens dans les Territoires occupés que de l'application discriminatoire des lois et règlements (6). Au final, l'Etat d'Israël a le contrôle des discussions sur le partage des eaux, et souffle le chaud et le froid pour maintenir à distance les Palestiniens, voire les isoler politiquement et économiquement de leurs alliés traditionnels.
IV. La paix flottante : le temps des incertitudes et des espoirs
A. Les aquifères de Judée-Samarie : le goutte à goutte, ou l'impossible partage (**)
En 2002, sur les 650 millions de mètres cubes annuellement exploitables, Israël en extrait environ 415 millions pour son compte (cet usage remonte à plus d'un demi-siècle) tandis que les Palestiniens exploitent 110 millions de mètres cubes annuels et que les forages effectués après 1967 (malgré les mesures restrictives du commissaire israélien pour l'eau dès 1965) permettent aux Israéliens de puiser entre 50 et 65 millions de mètres cubes par an, destinés à alimenter les installations israéliennes en Cisjordanie. Or, cette exploitation a soulevé un contentieux juridique car selon la quatrième Convention de Genève, l'utilisation des ressources naturelles par un pays occupant pour des usages civils est interdite (art.55).
Désireux de revenir aux dispositions du Plan Johnston de 1955 comme l'envisageaient les accords d'Oslo II, les Palestiniens revendiquent un droit de propriété exclusive sur les aquifères, puisqu'ils se situent selon eux à l'intérieur des frontières de la Ligne Verte, ce qui ne saurait convenir à Israël qui désire obtenir la garantie d'une propriété exclusive de l'aquifère de Yarkon-Taninim (dont dépendent trois millions de ses ressortissants actuellement) et craint que cette requête soit compromise en cas de retour massif de Palestiniens en Cisjordanie du fait des besoins en eau que cela occasionnerait.
B. Les vasques communicantes : coopération israélo-jordanienne dans la vallée du Jourdain (***)
Loin d'être la préoccupation première des Israéliens, le développement d'une gestion autonome par la Palestine de ses ressources est au contraire neutralisé afin de garantir une souveraineté israélienne sur l'approvisionnement en eau du pays. L'emprise israélienne s'exerce de différentes manières : au travers d'une coopération accrue avec la Jordanie, et d'un contrôle renforcé sur les ressources des Territoires palestiniens.
Au mois de novembre 1993, Israël et le Royaume Hachémite de Jordanie ont jeté les bases d'une coopération multidimensionnelle, en annonçant la signature d'un traité de paix. L'une des mesures les plus encourageantes de ce traité entré en vigueur le 26 octobre 1994, consiste dans l'accord de principe portant sur le partage des eaux du Jourdain (Annexe II du traité (7)). Nous avons pu vérifier à cette occasion que, paradoxalement, l'aggravation croissante de la pénurie est l'un des meilleurs gages de réussite des efforts répétés dont font preuve les parties et les partenaires internationaux pour s'entendre sur les modalités d'une coopération.
La stratégie d'Israël dans la vallée du Jourdain repose sur plusieurs objectifs qui se rapportent tous à une coopération étroite avec la Jordanie :
Projets conjoints de retenues d'eau ;
Mesures appropriées pour préserver la qualité des eaux du Yarmouk et du Jourdain ;
Recherche de sources d'eau complémentaires pour le Royaume Hachémite.
Ainsi, la Jordanie est-elle liée à Israël pour son développement futur, devant nécessairement, du moins à court terme, modérer son soutien aux Palestiniens et l'Etat hébreu est parvenu à constituer un axe de coopération sans avoir dû renoncer à sa souveraineté (comme cela aurait été le cas dans le cadre d'une Commission de bassin). Il se retrouve en l'espèce en position de " riverain d'amont " - donc dominant -, ce à double titre : maître d'œuvre et grand ordonnateur dans la vallée du Jourdain, l'Etat d'Israël dispose en outre de moyens de pression importants qu'il n'hésitera pas à faire valoir, lorsque nous savons qu'il utilise déjà 98% de ses ressources propres qui avoisinent les 1650 millions de mètres cubes et que environ 40 % de ses installations hydrauliques sont situées au-delà des frontières antérieures à juin 1967…
C. Le Yarmouk, source de litiges (****)
Si la Jordanie voit ses propres intérêts entrer d'une certaine mesure en contradiction avec ceux des Territoires palestiniens, le traité de coopération contracté avec Israël n'a pas arrangé ses relations avec la Syrie.
Le projet de construction d'un barrage syro-jordanien sur le Yarmouk représente une pomme de discorde. Depuis l'occupation du Golan par Israël, qui a par la même occasion étendu sa souveraineté sur le bas Yarmouk, les Syriens tentent de se ré-approprier la maîtrise du cours de la rivière en creusant des puits profonds destinés à contrôler le débit en amont et à offrir de vastes zones de retenues, mais également en construisant un chapelet de 28 barrages sur les affluents du Yarmouk, dont beaucoup sont déjà opérationnels. Cette politique de conquête de l'eau risque de se concilier difficilement avec les intérêts divergents d'Israël : le Yarmouk occupe en effet une position stratégique vitale dans l'alimentation de l'Etat hébreu puisqu'il rejoint le Jourdain dont il est l'un des principaux affluents. Cet aménagement des affluents syriens du Yarmouk représente également un souci pour la Jordanie qui voit se réduire d'autant ses capacités hydriques et qui, si le plan syrien est poursuivi, ne disposera plus que de 200 millions de mètres cubes annuels au lieu des 450 prévus par le plan Johnston. C'est donc dans ce contexte difficile que le projet syro-jordanien de construction d'un grand barrage a été étudié sur le fleuve transfrontalier à hauteur de Maqaren.
D. Le Golan, dernière forteresse d'eau.
Le cas du Golan ne devrait pas faire exception aux avancées du règlement politique, même si pour toutes sortes de raisons, cela sera sans doute plus difficile qu'ailleurs : d'abord nous sommes là aux sources du Jourdain, ensuite, le Golan contribue pour 22 % à l'approvisionnement en eau d'Israël et alimente le lac de Tibériade qui est le principal réservoir de l'Etat hébreu, enfin, le plateau a fait l'objet d'une politique de peuplement intense de la part des Israéliens ce qui représente aujourd'hui une difficulté supplémentaire en vue d'un retrait.
Si l'évacuation par Israël est si difficile à obtenir, c'est également qu'il y a un désaccord sur la nature des frontières : les Israéliens désirent revenir aux frontières de 1923, telles qu'elles avaient été dessinées par les autorités mandataires et qui intégraient le lac de Tibériade sur le territoire de la Palestine, et donc dans l'actuel Etat israélien (les Syriens n'avaient pas accès aux eaux du lac). Les Syriens quant à eux, souhaitent que les frontières retenues soient tracées à partir de celles de la ligne de cessez-le-feu du 4 juin 1967, qui leur donnent accès aux berges du lac. Simplement, ces frontières sont de simples tracés imaginaires tant qu'Israël occupe le Golan, territoire annexé par l'Etat hébreu en 1981. En 2002, la frontière est toujours celle matérialisée par la ligne de cessez-le-feu tracée en 1974.
E. Le Litani, rivière apaisée…
Le Litani est une rivière libanaise qui revêt une importance majeure dans le système hydrographique régional. Son débit naturel est de 700 à 900 millions de mètres cubes par an, mais connaît de grandes variations, et notamment sur son cours inférieur où le débit se réduit brusquement de 100 millions de mètres cubes. Si pour les géologues, ces variations sont dues à la nature du terrain traversé par le fleuve, des roches calcaires, qui permettraient une forte infiltration et serviraient alors de réserve souterraine aux sources résurgentes du Hasbani et du Dan, deux des trois cours d'eau qui forment le haut Jourdain, les Libanais soupçonnent l'Etat hébreu d'avoir dérivé souterrainement les eaux de leur rivière…
Dès l'avènement du Foyer National Juif, et déjà avant, dans les germes de celui-ci, les dirigeants sionistes avaient exprimé le souhait que les frontières du futur Etat juif s'étendissent au-delà du lit du Litani, afin de bénéficier de l'approvisionnement en eau en provenance du mont Hermon, ce qui eût permis de contrôler les sources du Jourdain : les autorités mandataires en décidèrent autrement. Le souhait était pourtant devenu réalité le 6 juin 1982 lorsque les Israéliens pénétrèrent au Liban et établirent une " zone de sécurité " dans le sud, dont les limites étaient marquées par le cours du Litani, multipliant depuis lors les mesures restrictives à l'encontre des agriculteurs et générant de ce fait une crise agricole profonde. Devenu, dans le doigt de la Galilée, une écharde qui menaçait d'infecter le corps national, le Liban sud fut évacué précipitamment en mai de l'année 2000, remettant ainsi en cause l'importance vitale des eaux de cette région dans l'économie israélienne, et replaçant en perspective le poids de " l'hydrostratégie " : désormais, la conquête et la domination se feront vraisemblablement par d'autres biais, au nom de la " sécurité territoriale de l'Etat et de ses populations ". Sans doute les Israéliens se réapproprieront-ils un jour les eaux de leur petit voisin du nord en " colonisateurs techniques ", usant du savoir faire de pointe de leurs ingénieurs hydrologues…
En tout état de cause, le Litani devra se voir attribuer un statut plus précis lorsque prendra forme le " nouvel ordre hydraulique proche-oriental " qui se fait tellement espérer.
Notes :
(1) : Ces groupes peuvent être classés en deux catégories : ceux qui distinguent entre les questions dites " techniques " (eau et environnement) ou " économiques " et celles " politiques " (réfugiés et contrôle des armements). Le problème des frontières relève quant à lui d'un traitement exclusivement politique du processus de paix, à travers les négociations bilatérales : eau et territoires sont désormais dissociés dans les négociations, du moins formellement. Or, cette dissociation ne favorise pas l'interaction entre Israéliens et Arabes car si les premiers cherchent, en attendant que les Palestiniens et les Syriens " fassent les preuves de leur bonne volonté ", à conserver la maîtrise de leur sécurité hydrique en contrôlant les sources et le cours du Jourdain (justifiant en cela le maintien de leurs positions sur le plateau du Golan et sur les rives cisjordaniennes du fleuve), les seconds revendiquent une souveraineté totale sur ces mêmes territoires - et sur leurs ressources hydriques.
(2) : Qui organisent la période transitoire de cinq années devant précéder la proclamation d'un Etat palestinien, prévoient la constitution de 3 zones à autonomie graduelle : tandis que l'Autorité Palestinienne est autonome en zone A et qu'elle exerce une autonomie partielle sur la zone B, la zone C reste sous responsabilité israélienne.
(3) : Les Palestiniens disposaient officiellement de 70 à 80 millions de mètres cubes d'eau supplémentaires, ainsi que 28,5 millions de mètres cubes destinés à couvrir les besoins domestiques (10 millions à Gaza et 18,6 millions en Cisjordanie) dont 9,5 millions fournis par Israël.
(4) : Entre 60 et 150 millions de mètres cubes annuels selon les estimations.
(5) : Les chiffres reposent sur une consommation d'eau de 1650 Mm3 par Israël, 160-234 Mm3 par les Palestiniens et 41-96 par les colons juifs.
(6) : Jeffrey D. Dillman, " Le pillage de l'eau dans les Territoires Occupés ", Revue d'Etudes Palestiniennes, n°35, Printemps 1990, p.37-40.
(7) : Laquelle prévoit la création d'un Comité commun de décision chargé de tracer les lignes directrices de la coopération et de veiller au respect des termes de l'accord de 1994, tandis que l'article I précise le quota d'eau qui revient à chacun des contractants.
(*) : Voir fiche intitulée : Le partage impossible des eaux du Jourdain. Plans et contre plans, le film d'un échec.
(**) : Voir fiche intitulée : Le conflit d'usages entre Israéliens et Palestiniens pour le partage des aquifères transfrontaliers de Judée-Samarie.
(***) : Voir fiche intitulée : Les projets hydrauliques d'Israël dans la vallée du Jourdain : une coopération avec la Jordanie qui exclut les Palestiniens.
(****) : Se reporter à la fiche intitulée : Le contentieux israélo-arabe pour l'aménagement des eaux du Yarmouk.
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